Depuis décembre 2020, Coexister suit avec une grande attention les débats qui ont entouré le projet de loi confortant le respect des principes de la République dit projet de loi « séparatisme ».
En avril dernier, nous nous insurgions déjà contre les amendements déposés par des sénateurs et sénatrices en première lecture, dénonçant une attitude séparatiste de ceux et celles-là mêmes qui prétendent le combattre.
Aujourd’hui, alors que le projet de loi est revenu depuis quelques jours devant l’Assemblée nationale pour une seconde et dernière lecture, nous sommes une nouvelle fois profondément attristé·es et choqué·es. En effet, les débats publics les plus passionnés et médiatisés se cristallisent autour de prises de positions proprement liberticides, islamophobes et sexistes. Une fois encore, les femmes portant le voile ont été incriminées. Qu’elles soient mamans accompagnatrices scolaires ou assesseures dans un bureau de vote, leur citoyenneté est systématiquement remise en cause.
Nous trouvons une certaine consolation à ce que la majorité à l’Assemblée nationale ait rejeté la plupart de ces positionnements :
- Le rejet de l’interdiction du port de signes religieux ostensibles pour les parents accompagnateurs ainsi que pour les mineurs dans l’espace public ;
- Le rejet des dispositions visant à interdire le burkini dans les piscines ;
- Le rejet de l’amendement visant à dissoudre une association qui organiserait des réunions non mixtes ;
- Le rejet de la proposition visant à interdire les danses traditionnelles et autres manifestations d’attachement culturel lors de mariages civils ;
- Le rejet de la neutralité religieuse des assesseur·es.
Nous saluons également l’écriture des articles 18, 44 et 14 à 17 qui entendent lutter respectivement contre :
- La délation sur les réseaux sociaux qui viendrait mettre en danger autrui ;
- Les prêcheurs de haines dans les lieux de cultes ;
- Les mariages forcés, la polygamie et les certificats de virginité ;
- La haine en ligne via la responsabilisation des plateformes ;
- Le cyberharcèlement et les fake-news via le permis internet pour les enfants et collégien·nes.
Nous alertons néanmoins sur la banalisation constante de prises de positions excluantes, particulièrement pour les français et françaises de confession musulmane. Une France unie ne signifie pas une France uniforme. Militer pour cette dernière, c’est faire preuve de négation de la réalité de notre société française, riche de sa pluralité.
Nous appelons à la décence de celles et ceux qui prétendent représenter l’ensemble des français et françaises dans le cadre d’un mandat de représentation nationale qui dépasse leur simple électorat partisan.
Nous encourageons ainsi chacune et chacun à user de sa citoyenneté et de son pouvoir démocratique en sollicitant et alertant ses représentant·es afin que nos revendications soient entendues.
Nos quotidiens et le vivre ensemble en dépendent !