Nous, jeunes de Coexister, dénonçons le climat de haine ambiant à l’encontre des millions de français et françaises de confession musulmane.
Aujourd’hui, cette haine a dépassé le stade des prises de positions sur les réseaux sociaux et les plateaux de télévision pour trouver un nouveau théâtre d’expression au cœur d’une assemblée de la République. Toutes les composantes de notre société, notamment convictionnelles, sont la cible de l’opprobre publique, en particulier les personnes de confession musulmane.
Il est urgent de tirer la sonnette d’alarme. Cette haine n’est plus l’apanage de quelques agitateurs, elle se banalise dans la bouche de nos représentants, élus, ministres et administrations (ex: université de Cergy). Elle trouve un écho de premier choix dans les médias qui pour certains confondent débat d’idée et incitation à la haine raciale.
Cette hystérie collective représente une profonde injustice pour tous nos concitoyens et concitoyennes de confession musulmane qui voient la simple expression visible de leur foi réduite à une forme de radicalisation menant inexorablement au terrorisme religieux. Comment vivre ensemble et lutter contre le repli sur soi si l’on essentialise constamment certains en les réduisant à une seule composante visible de leur identité ? Comment croire que la réponse à la haine mortifère du terrorisme religieux soit l’humiliation d’une mère portant le voile alors qu’elle accompagne son fils en sortie scolaire ? Comment construire une école de la confiance lorsque l’on appelle à multiplier la mise à l’écart de certains parents, au mépris de la loi de 1905?
Face à la division de la population et le traumatisme du terrorisme, sous couvert de dénoncer les intégrismes, ces agitateurs sont les premiers à entrer dans la spirale de l’amalgame qu’ils prétendent dénoncer et à créer le terreau fertile de la radicalisation.
Rappelons que le port du voile, de la kippa ou de la soutane sont des droits fondamentaux et que toutes ces personnes que l’on fustige, notamment les femmes portant le voile, sont dans leur droit. Plus que jamais, toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, qui sont heureusement majoritaires dans notre pays pour l’instant, sont appelés à défendre la laïcité telle qu’elle a été voulue et votée par ses pères fondateurs : une loi respectueuse de la liberté de conscience, de religions et de culte, en public comme en privé, dans le respect de l’ordre public et des convictions des autres.
Nous sommes proches d’un point de non retour. La lutte contre tous les intégrismes commence par le respect sans failles de nos lois, y compris le respect de la liberté religieuse. Comment combattre le terrorisme si nous le nourrissons de notre haine et de notre intolérance ? Le terrorisme, le communautarisme et le repli sur soi sont des fléaux que nous ne pourrons combattre en répondant par la haine.
En tant que praticiens et praticiennes de la coopération interconvictionnelle sur le terrain, en tant que jeunes juifs, chrétiens, musulmans, athées, agnostiques, bouddhistes et de tant d’autres convictions philosophiques, spirituelles ou religieuses, et en tant qu’enfants de la République Française, nous appelons nos responsables politiques, associatifs, leaders d’opinions et personnalités médiatiques à plus de décence et de dignité.
Il est de la responsabilité de chacun et chacune de prendre la mesure des événements et des conséquences de ceux-ci sur notre nation toute entière. Nous avons su prouver dans notre histoire que nous étions capables du meilleur comme du pire. Sachons donc prouver aujourd’hui que nous sommes dignes du meilleur de notre héritage. Faut il encore le vouloir.
Le Bureau National de Coexister